Direction Kalaw puis trek de 2 jours jusqu’au lac Inle
Finalement je n’ai pas mis le réveil à 5 h ce matin. Je vais rendre le scooter, prends mon petit déj puis un minibus passe me récupérer vers 8h. On fait le tour des hôtels de Bagan pour récupérer les autres passagers. Chaque fois qu’on pense qu’on est plein, on charge encore des gens jusqu’à ce que l’on soit une quinzaine à être entassés. Il a d’ailleurs deux françaises avec qui j’avais fait un cours de Birman 2 jours plus tôt. Il y a également un pauvre allemand qui doit faire dans les 2 mètres et qui doit maintenir sa tête penchée pour tenir dans le fond du mini-bus !
Les routes birmanes ce n’est jamais monotone. Des vaches qui traversent la route, par endroit le bitume disparaît pour laisser place à de la terre, plus loin on se retrouve arrêtés le temps qu’ils fassent sauter à la dynamite des blocs de pierres qui entravaient la route …
Les 4 premières heures c’est totalement plat, puis ça grimpe non stop les 2 dernières heures pour atteindre Kalaw à 1200 mètre d’altitude. On arrive vers 15h30, je débarque là, ainsi que les 2 françaises, le reste des passagers continuent jusqu’au lac Inle.
Mon hôtel est situé un peu à l’écart à environ 20 minutes de marche. je m’y rend à pieds chargé comme un mulet birman et j’arrive totalement en nage. Le Bed & Breakfast est très charmant tout comme sa tenancière sympathique. Elle parle un anglais parfait et pour cause, elle vit la moitié de l’année aux US. Je suis le seul client, elle me surclasse donc dans une chambre avec baignoire et balcon, c’est très sympa même si je n’utiliserai aucun des deux. Elle se charge ensuite d’appeler plusieurs agences de trekking pour voir s’ils ont des gens qui ont réservés pour le lendemain. Aucune réservation.
J’opte pour « At your service Agency » dont la tenancière me dit du bien et le prix est correct, 50$ tout compris auquel s’ajouteront le transport en bateau en arrivant (15000 Kiats) et le droit d’entrée sur le lac (13500 Kiats). J’espère simplement que le guide sera sympa parce qu’on sera que tous les deux.
Je partage le dîner avec les deux françaises qui voyagent durant 3 mois à la fin de leurs études avant de commencer à travailler, puis je vais me coucher de bonne heure avec le trek du lendemain.
Le lendemain, je suis levé aux aurores. Je patiente jusqu’à 7h30 pour prendre le petit déjeuner, puis vers 8h le guide viens me récupérer avec en taxi, car nous avons une demi-heure de voiture pour sortir de la ville et démarrer le trek. Je fais la connaissance de Akach (diminutif Aka), il a 23 ans et n’a qu’une seule passion dans la vie quand il ne fait pas le guide (et même lors de certaines de nos pauses quand la connexion le permet), jouer sur son téléphone portable.
Les paysages sont très différents de ceux que j’ai pu voir à Hsipaw, ici très peu de forêt et beaucoup de champs cultivés. Le seul point commun, c’est la boue. Elle nous oblige parfois à faire de petits détours pour ne pas en avoir jusqu’aux genoux. Je découvre assez rapidement une deuxième différence, les gens dans les villages semblent moins accueillants, moins souriants.
Dés notre première pause thé du matin, un groupe de 4 touristes et déjà présent là ou une vieille dame est en train de tisser traditionnellement des sacs (dont certains sont disposés à côté d’elle et proposés à la vente). C’est tout à fait normal que les villageois veuillent mettre en valeur leur artisanat et essaient de tirer bénéfice du développement du tourisme. Ça pose bien le cadre, je suis sur un itinéraire très emprunté par les trekkeurs.
Pour le déjeuner, on s’arrête dans une famille ou Aka a ses habitudes, puisque son père, également guide, y amenait déjà ses clients bien avant lui. C’est Aka qui nous prépare le déjeuner, composé d’une soupe avec des pâtes et des légumes, ainsi que des fruits.
On marche encore 2 heures, et la pluie fait son apparition juste avant qu’on arrive au village ou nous passerons la nuit. Il est encore tôt, environ 15h30 et je me rends compte que Aka ne compte pas me faire la conversation toute la soirée.
Je me rends donc au « commerce » du village pour y boire une bière et grignoter quelques graines de tournesol et également acheter une serviette pour ma toilette. J’ai à peine ouvert mon paquet que le patron vient me donner un énorme monticule de graines de tournesol … Je me fais un point d’honneur, ou plutôt de politesse, à finir ce qu’il m’a offert.
Je rentre chez mon hôte avant que le nuit tombe complètement, de peur de ne pas retrouver le chemin (même si je ne dois pas être à plus de 200 mètres). L’homme de la maison est en cuisine et me fait comprendre que le repas n’est pas encore prêt. Heuuu ben c’est parfait, avec la quantité de graine que je viens d’ingurgiter, je n’ai absolument pas faim. Et puis il n’est que 17h30 !
J’en profiter pour aller me « doucher ». En fait la douche est un cabanon derrière la maison, avec une poubelle remplie d’eau froide et un baquet pour s’en asperger.
Le gros avantage dans ce cas là, c’est qu’on ne gaspille pas d’eau, la douche est expédiée en 5 minutes.
Un lunghi est mis à ma disposition. Je le fais tenir comme je peux, basiquement en enroulant le tissu au niveau de la taille. Puis vers 19h on passe à table. Je ne partage le repas qu’avec Aka, la famille mangeant séparément. Il y a une fois de plus beaucoup trop à manger pour deux ! Je me sens toujours gêné de voir que les birmans se plient en quatre pour proposer des repas très copieux et variés à leurs hôtes. Le « master chief », comme l’appelle Aka, me prépare pour le dessert une version birmane de la banane flambée ou ils remplacent le cognac par de l’alcool pur !
A 21h tout le monde est au lit et je m’endors avec le bruit assourdissant d’une pluie diluvienne s’abattant sur le toit de toile. Rien ne me berce mieux que le son de la pluie.
Réveillé 5h30, je vais m’installer dans la cuisine ou le « master chief » est en train de faire des crêpes – pan-cakes au feu de bois pendant que le chat se réchauffe près du foyer.
Il m’interroge sur ma lampe frontale. Je lui montre comment elle fonctionne et la lui donne. Je vais m’installer pour petit déjeuner, et me rend compte que les crêpes n’étaient que pour moi ! Je ne manque pas de remercier autant que je peux mon hôte pour son accueil. Mon seul regret est de ne pas avoir pu partager de moment avec le reste de la famille. Ils mangent vivent et dorment dans une autre partie de la bâtisse.
On démarre la marche vers 7h30. La première heure est absolument fantastique, la lumière du matin filtrant au travers des bambous, l’humidité de la nuit formant une brume au-dessus des champs …
Plus tard la marche devient plus monotone, ou alors c’est moi qui suis fatigué. Étant donné que je vais dans la partie sud du lac, cette deuxième journée de marche est quasiment aussi longue que la première (environ 20 km le premier jour et 18 km le deuxième).
On arrive au village, point final du trek, ou je prends un dernier repas en compagnie d’Aka. Le batelier m’attend avec mon sac de voyage qui est arrivé à bon port. Je dis au revoir à Aka, monte sur le bateau pour enfin entamer la découverte du fameux lac Inle !